Alors que les Tunisiens fêtaient encore l’Aïd, une rixe violente éclate entre deux bandes rivales au troisième jour des célébrations. Résultat des courses, plus d’une vingtaine d’interpellés. Les recherches pour mettre la main sur le reste des bagarreurs, évanouis dans la nature, se poursuivent activement.
Il s’agit bel et bien d’une guerre de tranchées spectaculaire à l’arme blanche, opposant plus d’une trentaine de jeunes des quartiers Ettadhamen et La Manouba, qui avait duré plusieurs heures, avant l’intervention des forces de l’ordre.
Question du jour: existe-t-il réellement des zones de non-droit en Tunisie ? Ces territoires qui tentent d’échapper à l’ordre républicain pour devenir de vraies bombes à retardement. La violence charrie avec elle plusieurs phénomènes dangereux. Trafic de stupéfiants et prolifération des points de deal, guerre de territoires entre petits caïds devenus grands, et règlements de comptes à balles réelles dans l’espace public, entraînant la mort des délinquants-adversaires, mais aussi de victimes collatérales se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. L’affaire est donc grave.
C’est pourquoi l’Etat devrait étendre son pouvoir partout, dans chaque région, village et ruelle de la Tunisie. Et, surtout, dans ces quartiers populaires réputés difficiles où la police n’entre pas la nuit, se vante-t-on.
C’est pourquoi, encore, la rixe de vendredi devra être perçue par les autorités comme un signal fort. En effet, décrochage scolaire, milieu familial en difficulté et indigence aidant, les encore ados ou jeunes adultes, liés par des conditions sociales similaires, sont facilement pris au piège de la violence, tentés par l’argent facile, et pourquoi pas, par une carrière dans le banditisme.
Des voix se font entendre qui appellent à ne pas stigmatiser les jeunes des quartiers populaires. Il ne s’agit pas de stigmatisation. Bien au contraire, identifier les zones où le niveau de violence est élevé fait partie du diagnostic. Ces cités devraient être une priorité, une urgence, également pour les associations de proximité qui jouent un rôle important, en aidant les institutions de l’Etat à réintégrer ces jeunes, souvent désœuvrés, dans les circuits institutionnels. Autrement, devenant adultes et leurs aspirations grandissantes, de menu fretin, ils peuvent devenir de grands criminels.